Medical Research Africa

PARAGONIMOSE BENIN

Introduction
La paragonimose est une trématodose assez fréquente en
zone tropicale. D’après l’Organisation mondiale de la
santé (13), 15,6% des personnes vivant en Chine, en Équateur,
au Pérou, en République de Corée et en République démocratique
Lao seraient exposées au parasite et 1,6 % serait parasité
par diff é rentes espèces de P a r a g o n i m u s. La maladie humaine
a été recensée dans plusieurs pays africains situés dans la ceint
u re équatoriale, comme le Libéria, la Côte d’Ivoire, le Burkina
Faso, le Nigéria, le Cameroun ou le Gabon (13). Des cas sporadiques
sont rapportés régulièrement dans certains de ces
pays (2, 3, 6, 7, 9, 11, 12, 14, 16, 18).
Au Bénin, cette parasitose n’a jamais été signalée, alors qu’elle
existe dans plusieurs provinces du Nigéria voisin (15, 17).
Comme les habitudes alimentaires de la population dans ces
deux pays sont les mêmes, notamment quant à la consommation
de crustacés, il nous a semblé intéressant de répondre à
la problématique suivante : la paragonimose humaine existet-
elle au Bénin ? Les crabes vendus à la population dans ce
d e rnier pays hébergent-ils des métacerc a i res de P a r a g o n i m u s
sp.? Pour résoudre la première question, nous avons fait une
Observations épidémiologiques sur le premier cas
de paragonimose humaine et les hôtes intermédiaires
potentiels de P a r a g o n i m u s s p. au Bénin.
Summary: Epidemiological Observations on the First Case of Human Paragonimosis and Potential
Intermediate Hosts of Paragonimus sp. in Benin.
Parasitological investigations were carried out for four months in 1998 in two Beninese centres of
pneumo-phtisiology (Akpakpa, at Cotonou, and Akron, at Porto-Novo) to detect the patients har -
bouring eggs of Paragonimus sp. amongst the persons consulting for tuberculosis and showing a
broncho-pneumopathy without mycobacteria. Eggs of Paragonimus sp. were detected in the spu -
tum of a single patient out of 369 persons examined (prevalence, 0.2%). This patient had eaten
crabs in the months preceding the date of diagnosis. A treatment using praziquantel has improved
clinical symptomatology and biological signs found in this patient. These studies have been com -
pleted by visiting markets located in the coastal plain of Benin to identify the crabs that were sold
and to find metacercariae of Paragonimus sp. Negative results were obtained when 126 Cardisoma
armatum (“hole crab”) were dissected. In contrast, the dissection of 176 Callinectes marginatus
(“swimming crab”) was successful, with 5% of crabs harbouring metacercariae of probably Paragonimus
sp. Further studies are necessary to confirm these first results and to determine the global
prevalence of Paragonimus infection in these definitive and intermediary hosts.
Résumé :
Des investigations parasitologiques ont été réalisées en 1998, pendant quatre mois, dans deux
centres béninois de pneumophtisiologie (Akpakpa, à Cotonou, et Akron, à Porto-Novo) afin de
dépister les malades porteurs de Paragonimus adultes parmi les personnes consultant pour tuber -
culose et présentant une broncho-pneumopathie sans mycobactéries. Sur 369 personnes, une seule
a présenté les oeufs du parasite dans ses expectorations (prévalence, 0,2 %). Cette patiente avait
consommé des crustacés dans les mois précédant la date du diagnostic. Un traitement par le prazi -
quantel a permis d’améliorer la symptomatologie clinique et les signes biologiques. Ces études ont
été complétées par une prospection sur les marchés importants, situés dans la plaine côtière du
Bénin afin d’identifier les crustacés mis en vente et de trouver des métacercaires de Paragonimus sp.
La dissection de 126 Cardisoma armatum (“crabe terrier”) est restée négative. Par contre, celle de
176 Callinectes marginatus (“crabe nageur”) s’est révélée positive, avec 5 % de crabes porteurs de
métacercaires appartenant probablement à Paragonimus sp. Des études ultérieures sont nécessaires
pour confirmer ces premiers résultats et déterminer la prévalence globale de l’infestation de ces dif -
férents hôtes par Paragonimus sp.
N. A. D. Aka (1), A. C. E. Allabi (1), G. Dreyfuss (2), D. Kinde-Gazard (1), L. Tawo (3), D. Rondelaud (2),
B. Bouteille (2), G. Avodé (1), S. Y. Anagonou (1), M. Gninafon (1), A. Massougbodji (1) & M. Dumas (2)
(1) Faculté des sciences de la santé,Cotonou,Bénin.
(2) Institut d’épidémiologie et de neurologie tropicale, Faculté de médecine, 87025 Limoges Cedex, France.
(3) Centre hospitalier départemental de pneumo-phtisiologie d’Akron, Porto-Novo, Bénin.
Correspondance : D. Rondelaud, Faculté de médecine, 87025 Limoges Cedex.
Manuscrit n° 2017. “Santé publique”. Reçu le 10 décembre 1998. Accepté le 21 avril 1999.
Key-words: Crabs - Paragonimosis -
Epidemiology -
Paragonimus sp. -
Callinectes marginatus -
Tuberculosis - Hospital -
Cotonou - Porto Novo -
Benin - Subsaharian Africa
Mots-clés : Crabes - Paragonimose -
Epidémiologie -
Paragonimus sp. -
Callinectes marginatus -
Tuberculose - Hôpital -
Cotonou - Porto Novo -
Bénin -
Afrique intertropicale
N. A. D. Aka,A. C. E. Allabi, G. Dreyfuss, D. Kinde-Gazard, L. Tawo, D. Rondelaud, B. Bouteille,G. Av odé, S. Y. Anagonou,M. Gninaf on,A. Massougbodji & M. Dumas
enquête de quatre mois dans deux centres béninois de pneumophtisiologie
pour dépister des malades parasités parmi les personnes
consultant pour tuberculose et présentant une
b roncho-pneumopathie chronique sans mycobactéries. La
réponse à la seconde question a été apportée par la recherche
de métacerc a i res parmi les crabes achetés par la population dans
11 marchés situés dans la plaine côtière de ce pays. La présente
note résume les diff é rents résultats obtenus et rapporte le premier
cas humain de paragonimose dépisté en août 1998 au
centre d’Akpakpa à Cotonou.
Matériel et méthodes
Investigations cliniques
Les études ont été réalisées au Centre national hospitalier de
pneumophtisiologie d’Akpakpa situé à Cotonou et au Centre
hospitalier départemental de pneumophtisiologie d’Akron à
P o rto-Novo. Les 369 personnes, à raison de 256 pour l’hôpital
d’Akpakpa et de 113 pour celui d’Akron, ont consulté pour
une suspicion de tuberculose. Elles ont toutes présenté une
b roncho-pneumopathie chronique sans mycobactéries lors
de l’examen de leurs crachats.
La recherche des oeufs de Paragonimus a été effectuée sur les
expectorations des patients, recueillies à raison d’une le premier
jour et de deux autres le jour suivant. Un contrôle bactériologique
a été d’abord pratiqué sur les trois crachats, par
étalement sur lame et coloration à l’auramine. En l’absence de
bacilles fluorescents sur la lame, les oeufs de P a r a g o n i m u s o n t
été re c h e rchés en effectuant un nouvel étalement des expectorations.
Lorsque les résultats de cet examen direct étaient négatifs,
nous avons alors procédé à une centrifugation des trois
crachats afin de concentrer les oeufs. Cette re c h e rche a été
complétée par l’interrogatoire du patient afin de noter l’histoire
de la maladie, la symptomatologie clinique et les habitudes
alimentaires.
Recherches sur les crabes
Elles ont été effectuées pendant quatre mois, sur 11 marchés
situés dans la plaine côtière du Bénin : Calavi, Cotonou (marchés
Sainte-Cécile et Saint-Michel), Djassindaho, Ekpè, Godom
e y, Grand-Popo, Guezin, Ouidah, Porto-Novo (marc h é
d’Ahouangbomey) et Segbohouè (figure 1). Comme deux
espèces de crabes sont vendues à la population locale, des
achats ont été réalisés à raison de 4 à 20 spécimens par espèce
et par marché (selon l’importance de la marchandise offerte
à la vente). Tous les crustacés étaient adultes et leur carapace
était large de plus de 4 cm. Un interro g a t o i re des vendeurs spécialisés
a, de plus, été pratiqué afin de connaître l’origine géographique
des crabes.
Trois cent deux crabes, soit 176 Callinectes marg i n a t u s ( “ c r a b e
nageur”) et 126 C a rdisoma arm a t u m (“crabe terrier”) ont été
achetés sur les marchés précités. Ces espèces sont connues
pour être des crabes côtiers, capables de vivre en eau saumâtre
et présentant une large distribution sur les côtes de l’Afrique
de l’ouest (8). Aucun crabe d’eau douce n’a été trouvé dans la
marchandise proposée à la vente dans la plaine côtière.
Après leur transport au laboratoire, les crustacés ont été disséqués
pour y trouver des métacercaires appartenant à Para -
g o n i m u s sp. Cette re c h e rche a été réalisée en examinant les
muscles thoraciques de chaque animal, ceux situés dans les
péréiopodes (notamment dans la première paire) et les branchies.
L’identification de chaque métacerc a i re a été réalisée
sur sa morphologie générale et la détermination de ses dimensions
au microscope optique. Mais comme aucune étude chétotaxique
n’a été encore effectuée sur les métacerc a i re s
désenkystées, les kystes noirs, à paroi mince, mesurant 400 μ m
de diamètre ont été considérés pro v i s o i rement comme des
métacercaires appartenant probablement à Paragonimus sp.
Paramètres étudiés
La prévalence de l’infestation humaine par P a r a g o n i m u s sp. a
été calculée en rapportant le nombre de patients hébergeant les
oeufs du parasite à l’effectif des personnes examinées. Le taux
d’infestation des crabes par les métacerc a i res appart e n a n t
p robablement à P a r a g o n i m u s sp. a été établi pour chaque espèce
(C. armatum, C. m a rg i n a t u s ) et chaque marché pro s p e c t é .
Résultats
Enquête clinique
Un seul cas de paragonimose a été détecté sur l’échantillon
des 369 personnes examinées (prévalence, 0,2 %).
Observation
La patiente, âgée de 70 ans, de nationalité béninoise, a toujours habité
Cotonou depuis sa naissance et n’a jamais effectué de voyage à l’intérieur
du Bénin ou au Nigéria proche. Les crabes, achetés au marc h é
p roche (Saint-Michel), ont toujours fait partie de son alimentation pour
y être consommés cuits ou bouillis dans diverses préparations culin
a i res. Aucune notion de crabe consommé cru n’a été relevée lors de l’enquête
auprès des autres membres de sa famille ou de son entourage.
Une toux périodique, apparue il y a 36 ans et présentant des
p a roxysmes en juin, juillet et août, a été signalée par la malade lors de
son interrogatoire. Ce symptôme a fortement augmenté en intensité
il y a deux ans, avec des expectorations abondantes, surtout matinales,
des difficultés re s p i r a t o i res à l’eff o rt, des douleurs thoraciques
et des poussées fébriles. Plusieurs consultations médicales n’ont pas
p e rmis de résoudre le problème chez cette femme, ce qui l’a conduite
à consulter au centre d’Akpakpa en août 1998, en pensant à une tuberculose
pulmonaire.
Lors de son interro g a t o i re, la malade a signalé également des poussées
d’asthme depuis son enfance et une hypertension artérielle apparue il y a
une dizaine d’années, mais mal contrôlée.
Figure 1.
Carte visualisant les sites d’étude dans la plaine côtière du Bénin,
avec indication des sites où les crabes ont été achetés.
Map showing the sites studied in the coastal plain of Benin,
indicating places where crabs had been brought.
Observa tions épidémiologiques sur le premier cas de paragonimose humaine et les hôtes inter médiaires potentiels de Paragonimus sp. au Bénin.
L’examen clinique de cette patiente a révélé un état général satisfais
a n t : température à 37,8 °C, pouls à 102 battements/min, tension
a rtérielle à 20/12 cm de merc u re. Quatre signes ont été notés au niveau
de l’appareil pleuro - p u l m o n a i re : une exagération des vibrations
vocales à la base des poumons, une hypersonorité dans les deux
champs, une diminution du murm u re vésiculaire et la présence de
râles crépitants et sous-crépitants. L’examen de l’appareil card i o - v a sculaire
a montré un assourdissement des bruits cardiaques mais les
pouls périphériques étaient bien perçus et symétriques. Le reste de
l’examen clinique n’a pas révélé de signe particulier au niveau des
autres appareils. La patiente présentait donc :
- un syndrome de condensation pulmonaire, marqué par une augmentation
des vibrations vocales et une hypersonorité,
- une hypertension artérielle sévère.
Les crachats avaient une couleur rouille à l’examen macroscopique. Des
oeufs de P a r a g o n i m u s y ont été découverts lors de l’étalement du culot
après centrifugation des expectorations. L’examen hématologique a
mis en évidence une anémie (2,94 x 106/ m m3), une leucopénie (2,60 x
1 03/ m m3), une thrombopénie (95 0 0 0 / m m3), des polynucléaires éosinophiles
à 16 % et une vitesse de sédimentation de 15 mm à la fin de
la pre m i è re heure. La radiographie pulmonaire a montré une card i omégalie
(74 %), des opacités nodulaires et infiltratives, concentrées
autour de l’arbre bronchique et plus importantes à droite qu’à gauche.
Les deux culs-de-sac étaient comblés. L’échographie cardiaque a révélé
une cardiomyopathie dilatée et une hypertension artérielle pulmon
a i re. L’examen biochimique du sang était norm a l .
Cette malade a été soumise à un traitement par le praziquantel (3 cp à
2 5 0 mg/jour pendant deux jours consécutifs). Le contrôle des expectorations
a été réalisé 7 et 14 jours après la prise du traitement. Aucun
oeuf de P a r a g o n i m u s n’a été re t rouvé dans les crachats. Après le traitement,
les signes cliniques et biologiques ont évolué de manière
variable. La fréquence de la toux a diminué et la couleur rouille des
crachats s’est atténuée. D’autres symptômes sont restés identiques
comme l’importance de la bronchorrhée ou la persistance des signes
radiologiques. Une surveillance dans les mois à venir s’avère nécess
a i re afin de déterminer la guérison de la malade sur l’absence des
oeufs de Paragonimus sp. lors de l’examen de ses expectorations.
Investigations sur les crabes
Cinq catégories de métacerc a i res ont été reconnues chez C a l -
linectes marg i n a t u s. Nous n’avons pas trouvé de métacercaires
chez Cardisoma armatum.
Le tableau I indique la distribution des C. marginatus infestés
en fonction du lieu d’achat. Neuf crabes hébergeaient des
métacercaires appartenant probablement à Paragonimus sp.
Ces crustacés provenaient aussi bien du Bénin (Calavi, Godomey)
que du Nigéria, dans la région de Badagri (Marché Saint-
Michel de Cotonou, Porto-Novo). La prévalence de
l’infestation était donc de 5 %. Les 28 autres crabes hébergeaient
les quatre autres catégories de métacerc a i res (prévalence
globale : 16 %).
Discussion
Nos résultats décrivent le premier cas de paragonimose
humaine au Bénin et démontrent que cette maladie existe
dans ce pays comme au Nigéria voisin. Faut-il parler d’endémie
dans le cas du Bénin? Telle est la question que l’on peut
se poser au vu de nos données. En effet, d’après ses dires, la
patiente a toujours habité Cotonou et n’a jamais quitté son
e n v i ronnement local. À notre avis, il est trop tôt pour répondre
à cette question, car il est utile de procéder à un dépistage
systématique de la maladie chez tous les patients présentant
des broncho-pneumopathies sans mycobactéries sur plus
d’une année. Cette investigation devrait être réalisée dans tous
les centres de pneumophtisiologie répartis sur le terr i t o i re
afin de déterminer la prévalence de l’infestation parasitaire, soit
en recherchant les oeufs de Paragonimus dans les expectorations
et les selles des patients, soit en effectuant une enquête
sérologique avec un antigène de Paragonimus). L’identification
du parasite s’avère, de plus, nécessaire car P. africanus et
P. u t e ro b i l a t e r a l i s ont été identifiés en Afrique (revue de
NOZAIS et coll.: 10) tandis que la présence de P. westermani
est très controversée. Il est même fort probable qu’il existe
d’autres variétés ou d’autres espèces de Paragonimus sur le
continent africain comme le suggère le travail d’OLLIVIER et
coll. (12). Comme la détermination de l’espèce est difficile à
réaliser sur la morphologie de l’oeuf, il serait intéressant de la
pratiquer sur des métacerc a i res désenkystées en utilisant la
technique de COMBES et coll. (5).
Il est admis depuis longtemps que les crustacés tels que les
crabes sont responsables de la contamination humaine dans les
pays d’endémie (revue de BRUMPT, 4, par exemple). Comme
la patiente a acheté régulièrement des crabes au marché Saint-
Michel de Cotonou pour sa consommation personnelle, on
peut supposer que ces derniers seraient à l’origine de son
infestation parasitaire. Le problème posé est celui de la provenance
des crabes contaminés. En effet, l’appro v i s i o n n e m e n t
des marchands spécialisés varie au cours des mois de l’année,
avec des crabes récoltés dans les environs d’Ouidah (Bénin)
jusqu’à ceux piégés dans les environs de Badagri (Nigéria) en
passant par tous les sites de la plaine côtière, aux environs de
Cotonou (1).
Conclusion
Les résultats d’ALLABI permettent de se demander si l’infestation
de cette femme (par la paragonimose) ne serait pas due
à l’achat de crabes parasités, provenant du Nigéria, pays connu
pour son endémie depuis la “guerre du Biafra” (15, 16). Si
l’on considère cette hypothèse comme valide, on ne peut la
vérifier qu’en procédant à l’achat de crabes nigérians sur ce
m a rché et à leur dissection pour y re t rouver des métacerc a i re s
de Paragonimus sp. À notre avis, ce type d’investigation doit
se poursuivre sur plus d’une année afin d’obtenir des résultats
tangibles. Cette enquête nécessite, en plus, la coopération
pleine et entière des vendeurs de crabes, connus pour exerc e r
leur pratique sur le marché Saint-Michel de Cotonou.
Remerciements
Les auteurs expriment leur gratitude à Mme le Dr C. BAY S S A D EDU
F O U R,Muséum national d’histoire naturelle de Paris, pour ses conseils
sur les stades larv a i res de P a r a g o n i m u s sp. et les hôtes interm é d i a i res en
Afrique. Ils re m e rcient également Mme le Prof. D.GU I N O T, du Muséum
national d’histoire naturelle de Paris, pour la d é t e rmination des crabes
côtiers récoltés au Bénin, ainsi que l’ambassade de France au Bénin
qui a soutenu ce projet.
Tableau I.
Les résultats de nos prospections sur les Callinectes marginatus achetés
sur des marchés dans la plaine côtière du Bénin.
Results of our investigations of Callinectes marginatus
bought at markets of coastal plain of Benin.
nombre de crabes
examinés présence de métacercaires présence de de
marché appartenant probablement à métacercaires d’autres
Paragonimus sp.(prévalence) helminthes (préva l e n c e )
Calavi 10 1 (10 %) 1 (10 %)
Cotonou :
- Sainte-Cécile 6 0 0
- Saint-Michel* 32 2 (6 %) 9 (28 %)
- Saint-Michel** 10 0 6 (60 %)
Djassindaho 16 0 0
Ekpè 20 0 0
Godomey 20 1 (5 %) 7 (35 %)
Grand-Popo 20 0 0
Guezin 20 0 0
Porto-Novo* 10 5 (50 %) 5 (59 %)
Segbohouè 12 0 0
totaux 176 9 (5 %) 28 (16 %)
* (crabes provenant de la région de Badagri, Nigéria).
** (crabes provenant d’Ouidah, Bénin).
Commentaires en séance (13 janvier 1999)
Intervention de C. Ripert :
Au Cameroun, on n’a jamais pu mettre en évidence les formes parasitaire s
chez les mollusques. Il est par contre facile de les trouver chez les crabes
( S u d a n a u t e s ). Ap a rtir des métacerc a i res de crabes, on peut facilement
infester des chats et déterminer les douves adultes apparaissant dans leur
p o u m o n s . Ces douves permettent de préparer aussi des antigènes utilisés
pour des sérodiagnostics (ELISA) en série dans les villages.
Il faut noter aussi que les populations mangent les crabes cuits mais
que souvent les pêcheurs, pour éviter de se faire “pincer”, enlèvent sur
les lieux de pêche la pre m i è re partie des pattes locomotrices et les
consomment eux-mêmes sur place, complètement crus.
Réponse de M. Rondelaud :
Le travail présenté ne constitue qu’une pre m i è re approche démon -
trant que la paragonimose humaine existe au Bénin. Les re c h e rches sur
les hôtes interm é d i a i res ont été également abord é e s . Celles sur les
crabes sont rapportées dans cet art i c l e . En revanche, celles sur les mol -
lusques Prosobranches (Parachymelania byronensis, P. fusca, Ty mpanotonus
fuscatus) n’ont pas permis de trouver de formes larvaires
de Paragonimus sp.
Les trois objectifs proposés dans ce travail sont de situer la prévalence
de la parasitose dans la population béninoise, d’identifier l’espèce (ou
les espèces) de Paragonimus et de vérifier le parasitisme chez les deux
espèces de crabes consommées en fonction de leur provenance géo -
graphique.La réalisation de ces études doit permettre de déterminer
l’importance de cette maladie dans le pays et de proposer éventuelle -
ment des mesures sanitaires appropriées.
Les crabes de deux espèces, vendus sur les marchés, avaient tous leur
p re m i è re paire de péréiopodes. L’ i n t e rro g a t o i re des vendeurs et des
acheteurs de crabes n’a pas permis de dégager cette notion de “patte
consommée crue” dans la bande côtière du Bénin.
Intervention de M. Rousset :
Quelles sont les conditions culinaires qui permettent l’infestation
humaine quand on connaît l’habitude des Africains de bien cuire
leurs aliments?
Réponse de M. Rondelaud :
Une enquête a été réalisée sur les habitudes alimentaires de la popu -
lation béninoise par rapport aux crabes.Pour les consommer, les per -
sonnes les font frire, les placent dans de l’eau portée à ébullition ou bien
les salent. Les techniques de fumage et de séchage ne sont pas utilisées
dans la plaine côtière du Bénin.Les auteurs n’ont pas pu déterminer
le mode par lequel la femme citée dans cet article s’est contaminée en
préparant ses crabes.
N. A. D. Aka,A. C. E. Allabi, G. Dreyfuss, D. Kinde-Gazard, L. Tawo, D. Rondelaud, B. Bouteille, G. Av odé, S. Y. Anagonou,M. Gninaf on,A. Massougbodji & M. Dumas
fluke, Paragonimus uterobilateralis. Am J Trop Med Hyg, 1983,
32, 371-375.
10. NOZAIS JP, DATRY A & DANIS M - Traité de parasitologie médi -
cale. Pradel, Paris, 1996, 817 p.
11. NOZAIS JP, DOUCET J, DUNAN J & ASSALE-N’DRI G - Les
paragonimoses en Afrique noire. A propos d’un foyer récent de
Côte d’Ivoire. Bull Soc Pathol Exot, 1980, 73, 155-163.
12. OLLIVIER G, BOUSSINESQ M, ALBARET JL, CUMBERLIDGE N,
FARHATI K et al. - Etude épidémiologique d’une distomatose à
Paragonimus sp. au Sud-Cameroun. Bull Soc Pathol Exot , 1995,
88, 164-169.
13. ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ - Lutte contre les
trématodoses alimentaires. Sér rapp techn, 1995, n°849 , OMS,
Genève, 176 p..
14. UDONSI JK - Endemic Paragonimus infection in Upper Igwun
Basin, Nigeria: a preliminary report on a renewed outbreak.
Ann Trop Med Parasitol, 1987, 81 , 57-62.
15. VOELKER J & NWOKOLO C - Human paragonimiasis in eastern
Nigeria caused by Paragonimus uterobilateralis. Z Tropenmed
Parasitol, 1973, 24, 323-328.
16. VOELKER J & SACHS R - Morphology of the lung fluke Parago -
nimus utero-bilateralis occurring in Gabon, West Africa. Trop
Med Parasitol, 1985, 36, 210-212.
17. VOELKER J & VOGEL H - Zwei neue Paragonimus-Arten aus
West Afrika : Paragonimus africanus und Paragonimus uterobi -
lateralis (Troglotrematidae; Trematoda). Z Tropenmed Parasi -
tol, 1965, 16 , 125-148.
1 8 . VUONG PN, BAYSSADE-DUFOUR C, MABOKA B, AGOULA-GERBEIX
S & KOMBILA M - Distomatose pulmonaire à Paragonimus wester -
m a n i au Gabon. Premier cas. Presse Méd, 1996, 2 5 , 1084-1085.
Références bibliographiques
1. ALLABI ACE - Premières études sur les hôtes intermédiaires
intervenant dans le cycle de Paragonimus sp. dans la plaine
côtière du Bénin. Mémoire Thèse Doct. Méd., Cotonou, Bénin,
1998, 76 p.
2. ARENE FOI, IBANGA E & ASOR JE - Epidemiology of paragonimiasis
in Cross River basin, Nigeria: prevalence and intensity of
infection due to Paragonimus uterobilateralis in Yakurr local
government area. Public Health, 1998, 112 , 119-122.
3. BOGUIKOUMA JB, MOUSSAVOU-KOMBILA JB, ONDO-NDONG F,
M’VOU-YALOULA R, MABICKA B & KOMBILA M - Un cas gabonais
de paragonimose pulmonaire. Méd Afr Noire, 1997, 44,
431-432.
4. BRUMPT E - Précis de parasitologie. Tome I. 6e édit. Masson et
Cie, Paris, 1949, 1042 p.
5. COMBES C, BAYSSADE-DUFOUR C & CASSONE J - Sur l’imprégnation
et le montage des cercaires pour l’étude chétotaxique. Ann
Parasitol Hum Comp, 1976, 51, 399-400.
6. DEMEOCQ F, DECHELOTTE P, PETAVY AF & CAMBON M -
Paragonimose pulmonaire chez un enfant du Gabon. Arch Fr
Pédiatr, 1980, 37, 191-192.
7. KUM PN & NCHINDA TC - Pulmonary paragonimiasis in Cameroon.
Trans R Soc Trop Med Hyg, 1982, 76 , 768-772.
8. MANNING RB & HOLTHUIS LB - West african brachiuran crabs
(Crustacea: Decapoda). Smithsomian Institution Press, Washington,
1981, n° 306, 379 p.
9. MONSON MH, KOENIG JW & SACHS R - Successful treatment
with praziquantel of six patients infected with the African lung


31/05/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 10 autres membres